Pour un usager de drogues en milieu pénitentiaire, l’arrivée de la libération ne doit pas faire oublier les soins et les démarches relatives à sa santé entrepris en détention. La transition entre ces deux univers, le milieu carcéral et la liberté, est souvent complexe en termes de continuité des soins et de droits sociaux. Quels sont les risques associés à ma libération ?Les semaines qui suivent la sortie de prison présentent de forts risques de rechute. L’envie de fêter la libération, les difficultés à se réinsérer dans la société ou les obstacles au suivi d’un traitement de substitution aux opiacés (TSO) initié en prison peuvent vous pousser à reprendre votre consommation. Après un long séjour en prison, durant lequel votre usage de drogues était faible ou inexistant, vous risquez à la fois d’être plus sensible au produit (votre organisme s’était habitué progressivement à des doses de plus en plus élevées) et d’oublier vos bonnes pratiques en matière de réduction des risques. Dans ces conditions, les risques d’overdose (prise d'une quantité supérieure à la dose limite supportable par l'organisme, aux conséquences souvent dramatiques) sont beaucoup plus élevés qu’avant votre incarcération. Quels sont les problèmes que je pourrais rencontrer ?Passée l’émotion de la libération, la nécessité de retrouver une vie normale (recherche d’un emploi, voire d’un logement) peut vous détourner des impératifs de continuité des soins. Si vous suiviez un TSO en détention, il arrive que les démarches administratives vous permettant de poursuivre votre traitement après votre sortie n’aient pas été faites (obtention d’une ordonnance, suivi de votre dossier médical, contact avec une structure relais, etc.). Ce sera alors à vous de faire en sorte de poursuivre votre TSO (demande auprès de votre médecin, d’un hôpital ou d’un centre spécialisé). En détention, vous êtes obligatoirement affilié au régime général de la Sécurité Sociale et pouvez également bénéficier de la Couverture Maladie Universelle complémentaire (CMUc). Avec le changement de situation administrative lors de votre sortie de prison, la reconnaissance de votre droit à la CMUc nécessite une démarche auprès de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, qui prend souvent plusieurs semaines. L’établissement pénitentiaire doit vous fournir lors de votre sortie tous les documents nécessaires pour obtenir rapidement une couverture maladie, mais ce n’est pas toujours le cas. Dans le cadre d’un TSO, l’absence de remboursement risque alors d’être un obstacle à la continuité des soins. Qui s’occupe de la continuité des soins ?Chaque établissement dispose d’un Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) qui organise la sortie de prison. Dans les trois mois qui précèdent votre libération, le SPIP de l’établissement pénitentiaire vous convoquera à un entretien de fin d’incarcération, qui sera l’occasion de faire un bilan de votre situation et d’évoquer la continuité de vos soins. Un autre entretien sera organisé quelques jours avant votre libération. Le SPIP doit également communiquer la liste des détenus libérables aux équipes soignantes des unités sanitaires, auparavant UCSA, SMPR ou CSAPA. Le service médical concerné vous proposera alors une visite médicale dans le mois précédant la libération, qui permettra au médecin de préciser avec vous le suivi de vos soins, en choisissant un relais médical à l’extérieur (médecin, hôpital, centre spécialisé, etc.) à qui transmettre votre dossier médical. Suite à cette visite médicale, le personnel soignant, dès votre date de libération prévisible, transmettra au greffe du centre de détention des documents (ordonnance de TSO, médicaments pour une durée limitée, attestation d’affiliation à l’assurance maladie, etc.) qui vous seront remis au moment de votre libération. Y a-t-il un risque que les démarches ne soient pas faites ?Les démarches concernant la continuité des soins sont très variables d’un établissement à l’autre. Elles dépendent essentiellement d’une étroite collaboration entre le SPIP, l’unité sanitaire de l’établissement, les services administratifs et les structures de soin à l’extérieur. Selon les établissements, cette communication est plus ou moins bonne, ce qui entraîne souvent des lacunes dans la continuité des soins. La sortie ne peut parfois pas être anticipée, décidée rapidement suite à une audience auprès d’un juge, avec levée d’écrou dès le retour en détention. Les structures de soins ne sont alors pas en mesure de préparer votre sortie. Selon les établissements, les unités sanitaires ne disposent pas systématiquement de la liste des détenus libérables. Dans ces conditions, il arrive que des détenus sortent sans une véritable visite médicale, et donc sans contacts vers lesquels se tourner une fois dehors. Lorsque la visite médicale a eu lieu, d’autres problèmes sont parfois rencontrés, notamment l’absence d’informations données au détenu, de coordonnées d’un spécialiste à l’extérieur ou encore d’ordonnance à la sortie. Que puis-je faire pour préparer au mieux ma sortie ?En théorie, toutes les démarches doivent être effectuées par le personnel pénitentiaire et médical. En pratique, il vaut mieux mettre toutes les chances de son coté en sollicitant à l’avance les équipes de l’établissement. Selon les lieux de détention, les personnes les plus à même de vous aider appartiendront à l’unité sanitaire de l’établissement, parfois au SPIP ou à un autre service. Dans le doute, posez un maximum de questions à un maximum d’interlocuteurs. Deux éléments sont prioritaires : les démarches à réaliser pour bénéficier d’une couverture sociale (CMUc notamment) et l’identification d’une structure qui prendra le relais de votre prise en charge médicale.
De manière générale, accordez une grande importance à la préparation de votre sortie durant votre incarcération. Adressez-vous le plus tôt possible à l'unité sanitaire et au SPIP de votre établissement. Soyez sûr de sortir en connaissant la structure ou le spécialiste qui vous prendra en charge à l'extérieur. Prenez connaissance des démarches administratives à réaliser pour faire valoir vos droits à la Sécurité Sociale une fois libéré. Le relais des soins entre la prison et le milieu libre est d'autant plus important si vous suivez un traitement ou souffrez d'une maladie. La section commentaire est fermée.
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Mars 2018
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